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Chaque année à cette époque nous commençons d’habitude à rentrer doucement dans la période des festivals. Des regroupements hors du temps qui attirent chaque année des millions de festivaliers (un peu plus de 7 500 000 pour l’année 2019 en France). En cette période difficile pour nos festivals, nous nous sommes intéressés à l’origine et au développement finalement assez récent de ceux-ci.
Le terme apparaît dans le Nord de la France en 1829 et est lié au mouvement orphéonique (un mouvement festif et musical de masse), avant d’être utilisé par la musique savante. Le Festival Beethoven de Bonn en 1845, les Chorégies d’Orange en 1869 ou le festival de Salzbourg en 1920 deviennent des étapes pour les mélomanes européens. Les festivals internationaux de Berlin en 1951, de Cannes en 1946 et de Venise en 1932 rythment la saison cinématographique, et s’affirment comme des événements médiatiques. Les festivals américains de Monterey en 1967 et de Woodstock en 1969, ainsi que les festivals britanniques de l’Ile de Wight, témoins de la contre-culture, du mouvement hippie et de la musique pop, seront alors reconnus comme des repères de l’histoire culturelle du XXe siècle. Woodstock est d’ailleurs considéré comme le tournant majeur de l’histoire musicale américaine.
Les festivals participent à la nouvelle ère culturelle qui s’est ouverte après la Seconde Guerre Mondiale. Tout d’abord réservés à un milieu élitiste et bourgeois, cette première génération de festivals va rapidement être remis en cause à la fin des Trente Glorieuses par des groupes minoritaires et régionalistes, au nom de l’art et de la culture. Forcément à cette époque, le rock jouera un grand rôle dans le développement de cette nouvelle génération de festivals, créant le scandale et la naissance de la « régénération urbaine » en pleine période de désindustrialisation. Il s’agit ici d’un témoignage de liberté sous forme de manifestations culturelles qui invitent les gens à se regrouper et à partager une passion commune. On peut notamment citer l’apparition à cette époque du Festival de Roskilde au Danemark, du Paléo Festival de Nyon en Suisse, du Festival de Glastonbury au Royaume-Uni, et de Roch Werter en Belgique respectivement créés entre 1970 et 1976.
A partir de cette époque, les festivaliers ne sont plus seulement des consommateurs de culture, mais deviennent des participants de celle-ci. L’atmosphère qui s’y rattache est authentique et va créer une communauté grandissante. La liberté prônée en festival va alors donner lieu à des rencontres entre tous les milieux, et créer un melting-pot qui lui est propre, avec ses codes et ses valeurs. Même si le festival rassemble souvent autour d’un thème spécifique, les programmations éclectiques permettent aux plus passionnés de revenir sans relâche : les souvenirs seront toujours aussi variés. On se retrouve donc aujourd’hui avec un grand nombre de festivals spécialisés dans certains styles de musiques et un nombre tout aussi conséquent de festivals qui prônent le mélange des styles. Il est notamment important de remarquer qu’une diversité dans les styles d’une programmation entraînera forcément une plus grosse diversité au sein du public.
Si l’on peut retenir une chose de cette rapide ascension, c’est que les festivals puisent leur énergie dans le mélange de cultures et de classes sociales différentes. C’est d’ailleurs ce qui explique en partie la fulgurance de leur évolution à une époque ou l’égalité est devenue une nécessité. D’individus aux origines hétérogènes en ressort une communauté homogène qui contribue inévitablement à faire perdurer l’esprit et la verve de ces événements.
Véritable parenthèse culturelle pour les uns, une bouffée d’air frais et d’altruisme pour les autres, les festivals ont encore donc de beaux jours devant eux.
Toute l’équipe de la rédaction souhaite d’ailleurs un prompt rétablissement à tous les festivals de France et d’ailleurs en cette période de crise et de doutes. En espérant retrouver nos événements préférés le plus rapidement possible après cette rude année 2020.
Écrit par: Ilona Lebeau