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La French Touch est un terme massivement utilisé depuis plus de vingt ans, pour décrire un nombre conséquent d’artistes qui n’ont pas grand chose en commun à part la nationalité Française et l’utilisation d’instruments électroniques (et encore, ces règles sont souples). Mais existe-t’il vraiment une définition pour cette combinaison de mot à prononcer à la Franglaise ? Est-elle utile à quelqu’un d’autre que les journalistes en panne d’inspiration ? Pour tenter de répondre à ces questions, il faut se tourner vers l’étymologie de cette expression et accrochez-vous car cette opération va nous ramener jusqu’aux années 80, à la politique économique de Thatcher et à un blouson.
Le point de départ de la hype se situe très exactement en 1987. Trois évènements apparemment peu connectés entre eux vont se dérouler durant cette année où nous n’étions encore que cinq milliards d’humains sur Terre.
Imagine t’arrives en club dans les 80’s, habitué à du Disco, et tu te prends ça dans les dents
Le mouvement est lancé. Il ne prend pas immédiatement car le public découvre cette musique par le biais des free parties illégales ou des raves (plus légal mais aussi mal vu) qui commencent à naître dans le pays. Mais une scène électro s’installe, s’inspirant de la Techno et du Hip-Hop pour remixer des samples aux influences variées comme le Jazz ou le Disco. Les critiques Anglais commencent à zieuter vers Paris. Cette musique se démocratise progressivement grâce aux efforts combinés de tous les passionnés impliqués et en 1995 débute la première vague de la French Touch.
Paradoxalement, cette première vague correspond aussi à une première explosion de la définition du terme, car il va englober des artistes aussi différents que Saint-Germain, Daft Punk, Air, Etienne de Crécy, Dimitri From Paris… French Touch n’est plus synonyme de French House, et on peut désormais coller ce label à n’importe quel Frenchie qui vend des disques à l’étranger (dixit Justice ou Laurent Garnier). On peut tout de même défendre que ces artistes possèdent sur certaines de leurs chansons une envie commune de légèreté, de fraîcheur, et de faire danser. Mais c’est plutôt léger pour définir un genre musical…
Music Sounds Better With You de Stardust en 1998, apogée de la French Touch
Il n’empêche que la place du pays du Camembert dans la scène électro internationale est imposée, et les artistes des années 2000 vont profiter de cette étiquette, volontairement ou non. Le label Ed Banger va par exemple profiter de l’occasion pour faire connaître sa musique plus brute et saturée à l’étranger. Mais en acceptant l’étiquette French Touch tout en produisant des artistes aussi variés que SebastiAn, Mr Oizo, Justice, Cassius, Kavinsky ou Krazy Baldhead, tous les labels profitant du buzz finissent de faire exploser le terme.
On continue à parler vaguement d’une troisième puis d’une quatrième vague de French Touch, pour que les artistes concernés répondent en général quelque chose comme « Ça m’a sûrement un peu inspiré mais je ne m’en réclame pas ». Pendant ce temps, l’expression sort du cadre musical, s’incorpore dans des slogans d’entreprises et s’imprime sur des tee-shirts.
Malgré sa surutilisation, le terme est toujours vu par certains comme synonyme d’une musique électronique nouvelle, fraîche et entraînante, bien que cela définisse la majorité des sorties actuelles. Il pouvait être rapproché du genre House, puis New Disco, qui étaient alors presque les seuls représentants de la musique électronique commercialisée. Mais un changement de mentalité et la mort du Rock ont conduit à l’apparition d’énormément de sous-genres électroniques, forçant la French Touch à définir les premiers artistes étiquetés plutôt qu’une genre musical à part entière. C’est donc bien un terme pour les critiques en panne d’inspi et les commerciaux dalleux nostalgiques des années 90.
Écrit par: Thierry Maurice
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